Une maladie anachronique

Je souffre d'une maladie chronique. C'est-à-dire, plus exactement, d'une maladie anachronique : je ne suis pas né à la bonne époque. D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours été en décalage avec mon temps. Comme les trans considérant qu'il y a eu erreur lors de la distribution des sexes, je considère qu'il y a eu maldonne lorsqu'on m'a fait naître en 1975. Probablement un foutu employé qui ne m'a pas étiqueté correctement, et qui m'a fait naître trop tôt ou trop tard. Toujours est-il que je suis toujours en décalage avec mes contemporains.

Ce blog en est à lui seul la preuve : il m'aura fallu attendre mes 40 ans pour que je me décide enfin à en ouvrir un. Et son contenu en sera une preuve supplémentaire : je n'y parlerai pas de moi, mais du monde actuel. Vous ne trouverez pas ici de selfies de mon dernier repas : seulement des réflexions quant à l'actualité du moment. Vous ne trouverez pas même ici de réactions à chaud, comme l'on en voit si souvent sur le web : j'aime en effet prendre mon temps pour réfléchir, et vous donnerai davantage le fruit mûr de mes réflexions plutôt que des pensées immédiates.

Notre société toute entière a basculé depuis quelques années dans l'instantanéité. L'on ne prend plus le temps de faire les choses, et l'on n'accepte plus que certaines choses aient besoin de temps : l'on veut tout tout de suite, sans patience, sans pouvoir temporiser. Et c'est exactement le pied inverse que l'on prendra ici : en s'accordant tout le temps qu'il faut pour réfléchir à certains sujets. Si vous êtes un suppôt du monde moderne, je vous invite véritablement à lire ce blog. Car chacun y gagnerait s'il prenait la peine de s'extraire un peu du monde pour l'observer avec un peu de recul. Quitte à ce que cela prenne un peu de temps.