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L'anachroniqueur

30mn de bonheur

28 Juillet 2017, 15:28pm

Publié par Jérôme L.

Je respire un grand coup. Mon ventre est noué, mais je ne sais même pas si c'est de terreur ou d'excitation. Un peu des deux, probablement. Ce n'est pas tous les jours qu'on est à bord d'un avion de chasse, face à la piste, paré au décollage ! Quelques secondes plus tard, c'est parti : poussée des gaz au maximum ! Je me retrouve scotché sur mon siège pendant quelques secondes. Puis l'on quitte le plancher des vaches, et c'est parti pour un vol à basse altitude. Les yeux grands ouverts, je profite de tout. La verrière du cockpit permet d'admirer le paysage qui défile tout autour de nous, tandis que nous avançons à 400km/h. Cet instant, je l'ai rêvé pendant des mois. Mais ces premières minutes ne sont que le hors-d'oeuvre. Le plat de résistance arrive déjà : dix minutes de manoeuvres acrobatiques ! Et là, une chose est sûre : la pulpe ne reste pas en bas ! Dès le premier looping, j'ai l'impression qu'une main géante essaie de m'encastrer dans mon siège. A peine le temps de reprendre mon souffle que je découvre la sensation que procure une vrille sur l'estomac. Les acrobaties s'enchaînent les unes après les autres, ne me laissant nul instant pour me ressaisir. La charge est de 4G dans certaines figures. Mon corps pèse donc quatre fois plus, c'est-à-dire 310 kgs ! Je sens mon coeur battre comme un fou dans ma poitrine. Ma vision se rétrécit brusquement et je me crispe au maximum pour éviter le black-out. Ce serait tout de même dommage de s'évanouir ! Loopings, passages sur le dos, tonneaux... Après quelques minutes, je perds le sens de l'orientation. Je suis complètement déshydraté, et mon dos ruisselle à pleines gouttes. C'est fini ? Non. Ce n'était que la première partie. J'ai à peine le temps de prendre deux photos que le pilote me demande si je suis partant pour une deuxième série d'enchaînements. La bouche pâteuse, je réponds affirmativement. Je sais bien que je vais remplir le sac en papier kraft qui a été mis à ma disposition, mais impossible de résister. Quand j'ai quitté l'appareil quinze minutes plus tard, j'avais les jambes tremblantes, le teint pâlichon, et un repas en moins dans l'organisme. Et pourtant, j'avais un sourire que je n'arrivais pas à effacer. Ce rêve, non seulement je l'avais réalisé, mais je savais déjà que j'allais le refaire un jour. Rien ne peut se comparer à ça ! Pour plus d'informations, allez sur le site de cette activité de baptême en avion de chasse Fouga Magister et trouvez toutes les infos.

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Une économie sociale, mais de marché

14 Juillet 2017, 17:31pm

Publié par Jérôme L.

 Concert des Vieilles Canailles à Bercy, Paris. Au cœur d’une de ses chansons, Jacques Dutronc glisse un “Napoléon Macron”. Peu après, Johnny Halliday salue la présence dans la salle du président Emmanuel Macron. Le public hésite, puis applaudit plutôt chichement. Cette séquence vaut tous les sondages. Le nouveau pouvoir est toléré, mais sans enthousiasme. La fin proclamée des idéologies partisanes laisse sceptique ce peuple très politique. Comment convaincre que la liberté économique rendue aux entreprises servira le bien commun ? C’est comme si l’on demandait aux Français de se convertir en trois mois aux bienfaits du social-libéralisme alors qu’ils y échappent obstinément depuis des décennies. Même sous la forme atténuée de la social-démocratie, ça n’a jamais cristallisé. À preuve le crash honteux du “hollandisme” lors du dernier quinquennat. Pour conjurer ce sort funeste, Emmanuel Macron a trois flèches dans son carquois. “C’est comme si l’on demandait aux Français de se convertir en trois mois aux bienfaits du social-libéralisme alors qu’ils y échappent obstinément depuis des décennies. Même sous la forme atténuée de la social-démocratie, ça n’a jamais cristallisé” D’abord une pratique de la gestion qui s’apparente fort à l’économie sociale de marché – c’est la référence historique outre-Rhin. Ensuite une Assemblée nationale où l’éclatement de la gauche et de la droite favorise, au-delà de sa propre majorité, l’effacement des postures au profit de l’attachement à “ce qui est bon pour le pays” – c’est du “macron-compatible” dans le texte. Enfin, la présidentialisation du régime facilite l’éclosion d’une France réconciliée autour des règles de l’économie de marché – il y a un cap affiché et la promesse pour le pays d’une attractivité retrouvée. De quoi faire passer la mère des réformes, en l’occurrence un aménagement substantiel du Code du travail ? Peut-être bien. Même Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, familier du blocage corporatiste, s’est prononcé pour un “réformisme exigeant”. Mais attention, le corps social est instable. Pour l’instant, tout mouvement vers l’acceptation du programme Macron tient encore de l’épopée. Qu’en est-il de la première flèche, le premier levier ? La doctrine économique d’Emmanuel Macron semble faire fi aussi bien du keynésianisme de bazar qui ouvre à tout va les cordons de la dépense publique, que de la rhétorique classique où l’entrepreneur se voit paré de toutes les vertus. Quelle est alors la nature du macronisme ? Patrick Artus, l’économiste en chef de Natixis, défend la thèse suivante : “le macronisme est très proche de la théorie allemande de l’économie sociale de marché”. Celle-ci est née au début des années cinquante du double refus de l’économie planifiée à la soviétique et du laisser-faire libéral. C’est avant la lettre une sorte de troisième voie incarnée au plan politique par Ludwig Erhard, chancelier d’Allemagne à partir de 1963. C’est la conviction que les réformes ne sont réalisables que dans le cadre d’un État qui est le garant de l’équilibre entre économie de marché et justice sociale. C’est la recherche d’un pacte entre dimension individuelle et projet collectif. Par exemple, dès 1947, le parti d’Angela Merkel – qui s’appelait déjà la CDU – militait dans son programme pour l’introduction de la cogestion dans les grandes entreprises. “La doctrine économique d’Emmanuel Macron semble faire fi aussi bien du keynésianisme de bazar que de la rhétorique classique où l’entrepreneur se voit paré de toutes les vertus” Soixante-dix ans après, les correspondances avec certaines ambitions de la majorité française d’aujourd’hui sont incontestables. Patrick Artus définit ainsi l’économie sociale de marché : “il s’agit d’associer le fonctionnement libre et concurrentiel des marchés à une action publique forte, qui d’une part assure la marche convenable des marchés, et d’autre part apporte la solidarité au bénéfice des plus faibles”. Assurément, le pouvoir actuel n’a rien à renier de cette approche. Côté marchés concurrentiels, on recense le principe de la libre entrée dans différentes professions, la réduction des distorsions fiscales avec le principe d’une taxation uniforme à 30 % pour les revenus du capital, le passage à des négociations décentralisées au niveau des entreprises. Côté solidarité et égalité des chances, il faut relever le renforcement des moyens dans les zones d’éducation prioritaire, le redressement du niveau des compétences via une formation professionnelle efficace, une indemnisation du chômage devenant étatisée et universelle (étendue notamment aux indépendants), un système unique de retraite. 

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